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Tenir la tension
Nul besoin de le cacher, dans la vie quotidienne, le changement est difficile ; il s’inscrit presque nécessairement dans un débat intérieur entre la personnalité protectrice et l’individualité créatrice – débat qui est le lot de toute personne qui décide de sortir de l’inconscience.
Plusieurs sages en témoignent, et Jung en fait état abondamment dans son oeuvre.
Il appelle cela « tenir la tension » entre la position du conscient et celle de l’inconscient.
Il souligne régulièrement que cela est nécessaire à l’évolution psychologique mais très inconfortable.
Le poète soufi Kabîr décrit ce même débat :
« La bataille de celui qui cherche la Vérité continue jour et nuit et, dans le champ clos
de notre corps se livre une grande guerre contre les passions, la colère, l’orgueil et
l’envie […]
La bataille de celui qui cherche la Vérité continue jour et nuit et, aussi longtemps que
dure sa vie, elle ne cesse pas . »
Souffrir d’un conflit de façon volontaire et consciente porte moins à conséquence qu’en souffrir de façon inconsciente.
Les tensions intérieures que nous portons en connaissance de cause n’ont pas l’effet dévastateur de celles que nous abritons sans le savoir.
Lorsque nous établissons un rapport avec un contenu psychique comme la tristesse, la colère ou un fantasme violent, il y a dialogue entre le moi conscient et le contenue en question. Ce dernier perd du même coup une partie de son autonomie, qui faisait qu’il pouvait s’emparer de nous à notre insu pour penser, sentir et agir à notre place.
En réalité, ce conflit conscient est fécond.
Il s’agit du combat pour la liberté – que j’ai abordé dés la première phrase du livre.
La liberté intérieure signifie que les conditionnements qui nous emprisonnent n’ont plus la force de nous contraindre. Elle apparaît comme la seule autonomie possible pour un être humain puisque nous sommes dépendants de tous nos types d’environnement.
Toutefois, l’indépendance se paie chèrement : notre personnalité souffre de la remise en question de certitudes qui, malgré les contraintes évidentes qu’elles entraînent, ont le mérite d’assurer notre survie.
[…]
Extrait du livre de Guy CORNEAU : « Le meilleur de soi »
jeudi 2 juillet 2009
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